Jean-Michel ROULET, président de la MIVILUDES

Publié le par Gérard CONTREMOULIN

 


"Le problème des sectes existe, nous en avons la preuve"

LES SECTES par Jean-Michel Roulet,
président de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires)


Interview de Jean-Michel Roulet par Sibylle Laurent

(réalisée le jeudi 21 février 2008)


Comment réagissez-vous aux propos tenus par Emmanuelle Mignon, chef de cabinet de Nicolas Sarkozy, dans
VSD ? Les sectes en France sont-elles un "non-problème" ?


- Je crois au contraire que les dérives sectaires sont un vrai problème. A la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), nous constatons tous les jours qu
'il y a en France un certain nombre d'organisations qui se livrent sur des personnes à des actions dangereuses. Cette semaine encore, nous avons reçu deux victimes de ces mouvements.
Je peux donc dire sans hésitation que le problème des sectes existe : nous le voyons de façon concrète et nous en avons les preuves.


Emmanuelle Mignon a également indiqué dans
VSD que le gouvernement voulait "transformer" la Miviludes en "quelque chose de plus efficace et en finir avec le blabla". Partagez-vous cette opinion sur la fonction de la Miviludes ?


- La Miviludes fait un travail très, très concret, en analysant les dérives sectaires. D
'abord parce qu'elle observe et suit l'évolution du paysage sectaire. Ensuite parce qu'elle en rend compte : au Premier ministre, mais surtout au public. Elle l'informe sur les dangers auquel il est exposé, dans la formation, la santé, le bien-être, domaines où il y a un grave danger de dérives sectaires.
La Miviludes fait son travail de façon très rigoureuse, et c
'est une critique imméritée pour nous que de dire qu'elle n'est pas efficace ni active. Nous avons mis à disposition du public dernièrement un guide sur le satanisme, un autre sur le risque sectaire dans les entreprises, qui a été salué dans ces milieux. Nous concevons ces rapports et ces guides dans une optique très concrète, d'
un usage facile, pour informer le citoyen sur les risques auxquels il est exposé.
Evidemment, on peut toujours faire mieux. Mais pour l
'ensemble des collègues et des membres de la Miviludes qui planchent sur ces rapports, je trouve que cette critique n'
est pas du tout méritée.
La Miviludes, attachée au Premier ministre depuis sa création en 2002 a remplacé la Mission interministérielle pour la lutte contre les sectes (MILS), créée en 1998. Ces deux organismes répondent et ont toujours répondu à un besoin. Le Premier ministre et l
'
Assemblée nationale, tous courants confondus, les ont toujours soutenu et accompagné ces organismes, en veillant à ce que le travail soit bien fait et les libertés publiques respectées. 


Quels sont les critères mis en avant en France pour définir les sectes ? Est-ce une bonne chose de s
'aligner sur d'autres pays d'Europe en la matière, dont certains reconnaissent la Scientologie comme une religion ?


- Dans le domaine de la lutte contre les dérives sectaires, la France est au contraire plutôt en avance par rapport aux autres pays. Nous sommes aujourd
'hui bien au point dans l'analyse et la connaissance de ces mouvements, nous avons défini une batterie de critères qui permettent de dire quand nous sommes en présence d'une secte, comme l'emprise mentale, les exigences financières exorbitantes, les violences, le discours radical, la rupture avec l'environnement familial. La plupart des pays d'Europe s'appuient au contraire sur la méthode française.
Sur le problème plus particulier de la Scientologie, il faut faire attention, car c
'est un mouvement qui est passé maître dans l'art de communiquer. Les Scientologues se targuent d'être reconnus comme religion dans beaucoup de pays, comme l'Espagne par exemple. Ce que le mouvement ne précise pas, c'est qu'en Espagne, la reconnaissance des religions repose sur un régime déclaratif. Chaque mouvement peut là-bas s'autoproclamer religion. En France, si n'
importe qui peut faire de même, cela ne sera pas reconnu comme religion.
Nous avons la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l
'Etat, au terme de laquelle l'Etat garantit la liberté totale de conscience et de culte. Mais l'Etat français ne définit pas la religion. Il y a ainsi en France beaucoup de mouvements qui, parce qu'ils ont un lieu de culte, des rituels, se sont rassemblés en associations cultuelles. Ce que la Scientologie aurait pu faire mais n'
a pas fait.
Les mouvements sectaires sont très habiles pour se servir de l
'argument de la liberté de conscience, et pour éviter qu'on ne puisse regarder comment ils fonctionnent. Ils s'abritent derrière une pseudo-discrimination religieuse. J'y vois une volonté d'
effectuer un petit business plutôt que de proposer une véritable solution spirituelle. 





Le président de la Milivudes satisfait de «l
'unanimité de la classe politique»
 
 
 Source : Le Parisien

PARIS, 21 fév 2008 (AFP) - Le président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), Jean-Michel Roulet, a estimé jeudi «très important qu
'il y ait unanimité de la classe politique» sur le problème des sectes en France, après la mise en point de Nicolas Sarkozy.


«Depuis plus de 11 ans, a-t-il dit sur France-Info, l
'Etat s'est préoccupé de cette question et l'a toujours fait sans approche politicienne, dans l'unanimité». «Il y a une unanimité, a-t-il ajouté, dans cette approche de protéger les victimes et de leur faire comprendre que nous sommes auprès d'elles».


Dans une interview partiellement démentie à VSD, la directrice de cabinet du chef de l
'Etat, Emmanuelle Mignon, a eu des propos très controversés sur les sectes et a affirmé que le gouvernement voulait «transformer» la Miviludes qui, «à part publier des rapports annuels», «ne fait rien». 


Après la mise au point, à la mi-journée du président Sarkozy, qui a prôné «la plus grande fermeté» vis à vis des sectes, M. Roulet, s
'est déclaré «très heureux d'entendre ces messages d'encouragement». «Cela fera chaud au coeur de beaucoup de personnes», a-t-il affirmé, soulignant que «souvent on nous reprochait soit d'en faire trop, soit pas assez». 


A propos de la liste des mouvements sectaires établie en 1995 par un rapport parlementaire, Jean-Michel Roulet a déclaré qu
'«il n'appartenait pas à un pouvoir exécutif de dire si elle est bien ou pas bien». Mme Mignon avait jugé cette liste «scandaleuse», dans son entretien à VSD.

«Cette liste a dix ans», a-t-il dit, soulignant qu
'elle n'était «plus à jour parce que les mouvements sectaires s'adaptent». «Beaucoup ont disparu ou sont devenus inoffensifs comme la secte du Mandarom», a-t-il poursuivi.

S
'agissant de la Scientologie, M. Roulet a estimé qu'il y avait «des victimes qui s'en plaignent régulièrement». «Elle a un certain nombre de méthodes qui sont éminemment critiquables et dangereuses pour nos concitoyens», a-t-il ajouté.

leparisien.com ,
jeudi 21 février 2008, 14h36



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C
il n'y a pas que les sectes.. voici un témoignage qui vaut la peine qu'on s'y attarde, car personne ne peut revenir d'un tel cauchemer... mais l'auteur en est sorti, vingt ans après grâce à nouveau psys.. qu'on ne s'y trompe pas, ils étaient tous des psys (psychiatre, psychologues)... <br /> http://blogs.aol.fr/cerise3333/clementine-severin-/<br />  <br /> ce livre "sans visage et sans nom" apportera une preuve supplémentaire au rapport ministériel.. <br /> Il montrera comment une patiente de 30 ans avait été piégée par des psychothérapies psychanalytiques. Toute sa famille et elle-même ont frôlé la mort..sans évoquer les autres  conséquences et notamment sur le fils de cette patiente qui n'aurait pas dû survivre si la patiente était morte.. le piège qui s'est refermé sur elle.. sans pouvoir en sortir... <br /> Elle en est sortie plus de 20 ans après grâce à un nouveau psychiatre qui lui a permis de tout découvrir pour guérir et guérir sa famille.. <br />  <br /> Clémentine Séverin
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