Les nouveaux profits attendus du "Green Business"

Publié le par Gérard CONTREMOULIN

Le capitalisme vert n'est pas le développement durable !

Nouveau numéro d’agitation médiatique de Sarkozy en clôture du Grenelle de l'environnement. Pour la mise en scène de ce show, Sarkozy a mobilisé des stars aussi diverses que les Prix Nobel de la paix, Al Gore et Wangari Maathai d’un côté et le Président de la Commission européenne de l’autre. Noyés sous l’avalanche de promesses, peu de médias ont pour l’instant confronté les mesures annoncées avec la réalité des défis écologiques auxquels l’humanité est confrontée. Alors même que c’est la première fois dans l’histoire que le capitalisme crée de manière aussi globale les conditions matérielles de sa propre disparition et avec lui celle de l’humanité.



Des promesses ambiguës


Les journalistes en quête d’« annonces » auront été comblés
. Sarkozy n’a-t-il pas promis en vrac : d'arbitrer tous les projets en intégrant leur coût en carbone, d'inverser la charge de la preuve en matière de nuisances écologiques, de donner la priorité au transport non routier, de renforcer la réglementation en matière de bâtiments pour qu'ils soient à énergie positive à horizon 2020, de consacrer plus d'un milliard d'euros en 4 ans à la recherche sur les énergies, moteurs du futurs, biodiversité et santé environnementale, d'investir massivement dans l'agriculture et les énergies renouvelables, et pour cela, de taxer les camions transitant par la France, les véhicules neufs polluants, d'instaurer une prime à la casse des vieux véhicules, d'étudier les possibilités d'une taxe « climat-énergie » en contrepartie d'un allégement de la taxation du travail ou encore de demander à l'Union européenne la possibilité de taxer les produits importés de pays qui ne respecteraient par le protocole de Kyoto.


D’emblée, la présence du président de la Commission européenne lors de cette énumération aurait dû susciter au moins 2 interrogations à chaud des médias
. Un nombre important de ces annonces ne correspondent-elles pas tout bêtement à l’application de normes déjà décidées au niveau européen et pour lesquelles la France était cruellement en retard du fait des gouvernements de droite auxquels participait Nicolas Sarkozy ? Deuxième question que personne n’a posée : le modèle européen de grand marché libre est-il vraiment compatible avec le développement des transports ferroviaires notamment de marchandises ? N’est-ce pas la Commission européenne qui démantèle méthodiquement l’activité fret de la SNCF au nom de la libre concurrence, si bien que les marchandises passent aujourd’hui des trains aux camions au lieu de faire l’inverse ?



L’impasse sur le nécessaire changement global de modèle de développement


Derrière le catalogue de mesures, le plan Marshall écologique de Sarkozy évite toute remise en cause du modèle actuel de développement porté par le capitalisme mondialisé et les politiques libérales qui l’accompagnent.
Or il est impossible de dissocier les 2 en se contentant d’adapter à la marge un système dont la logique même de préférence pour le court terme pose problème. Et il y a urgence. Le 4ème rapport Global Environment Outlook, publié par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) vient encore nous le rappeler. S’il salue les progrès réalisés dans le traitement de certains problèmes relativement simples, l'environnement étant aujourd'hui beaucoup plus présent dans les différentes politiques à travers le monde, ce rapport assure qu’aucune des questions majeures « ne connaît de prévisions d'évolution favorables ». Ne pas traiter ces problèmes persistants peut, selon le PNUE, anéantir les quelques progrès accomplis et menacer la survie même de l'humanité. « Les phénomènes décrits sont d’une telle ampleur et ont atteint un tel rythme que les capacités normales de l’humanité et de la nature à s’adapter et à s’ajuster à ces changements sont entamées », assure ainsi le directeur du PNUE. Et ce rapport d’insister sur le fait que le monde n'affronte pas des crises séparées : la crise environnementale est indissociable de la crise du développement et de celle de l'énergie. Elle ne peut donc être traitée en proposant seulement des solutions techniques au changement climatique, à l'extinction des espèces naturelles et aux problèmes environnementaux. Mais en s'attaquant de front aux problèmes de la faim dans le monde, de l'accès à l'eau, à l'énergie et aux biens publics mondiaux, ainsi qu’à la surconsommation des riches et à l’extension de la pauvreté.



L’horizon rétréci du plan Sarkozy


Relu à la mesure de ce défi global, on voit que le plan Sarkozy ne propose pas de financer le développement durable et humain, permettant cet accès de tous aux besoins essentiels
, mais simplement l'accompagnement par l'État, les collectivités et les consommateurs, de la mutation du capitalisme français vers un « capitalisme vert ». Dans un article intitulé « Un Grenelle juteux pour les entreprises », le journal La Tribune l'analyse clairement. Sarkozy lui-même veut faire croire que tout le monde sera gagnant et annonce qu'il n'y aura pas de perdant dans la « révolution écologique ». Bien sûr, il faut se réjouir que les entreprises françaises rattrapent enfin leur retard en la matière. Mais peut-on s’en contenter ? Le développement durable est d'abord un choix de société qui n’est pas compatible avec n’importe quel modèle économique. Et il suppose notamment un nouveau partage des richesses entre riches et pauvres, entre pays développés et en développement.


En France
, les collectivités territoriales, qui sont au cœur des investissements attendus en matière de transport, habitat et aménagement et doivent d'ores et déjà assumer les charges liées à l'acte II de la décentralisation ont du souci à se faire. D’autant que les budgets votés par la droite depuis 5 ans font reculer la solidarité nationale et multiplient les cadeaux fiscaux aux plus riches. Au niveau international, la guerre capitaliste a de beaux jours devant elle, relancée par les nouveaux profits attendus du « green business ».

Publié dans Parlons de ...

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D
Allez... vas-y. De là à dire que l'écologie est de droite. Y a qu'un pas à franchir. La question écologique est avant tout une question sociale.
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